

Archipel
Nous sommes des îles
Aux rives jalousement gardées
Certains s’y risquent
Gravant de leurs pas
Sur nos mémoires chancelantes
Quelques vers en hommage à l’amitié
Puis repartent gavés
Des consonances que nous ne savons taire
Nous sommes des îles
En attente pourtant
Des marées basses qui nous lient
~*~
Écrire la déchirure
En ces lieux de retrait
Que l’on sache
Que rien ne fut acquis
Sans peine
~*~
Écorché
Je ne sais plus
Par où me prendre
Et me love
Dans l’âtre quiet
Des exilés
~*~
Entre le silex et le napalm
De la naissance à la mort
Un spasme
Temporel
~*~
Blessure intemporelle
Fidèle comme les saisons
Je te reçois sans t’amadouer
Comme la fatalité
Puis berce la douleur
Pour l’endormir un temps
Sous les draps immaculés de l’oubli
~*~
Si elle ne vacille plus
C’est qu’elle est rompue
Mon âme
~*~
Les amours
Dans l’encre la cendre
Des amours passés
Trouble les esseulés
Et l’oubli fuit
L’oubli fuit
La déchirure est fidèle
La déchirure est bavarde
Dans l’encre la cendre
Parle pour ce qui refuse de mourir
~*~
Le chant des noyés
Il coule
Et me glace le dos
Le chant des noyés
La plainte est fluide
Grave
Il coule
Le chant des noyés
Ondoyant sur ma nuque offerte
Une tresse d’algues
Joue les nœuds coulants
Et sombre
Avec moi
Il coule
Le chant des noyés
Dans mes veines figées
Et me glace le dos
~*~
De fugue en furie
Les flots paniqués
Versent l’écume grisâtre
La mousse jaunie
Sur les berges tièdes
De tes hanches
Qui tremblent
Et dis-moi
Qui tremble ?
L’enfant ? L’amante ?
Ou l’âme qui sent
Le frôlement liquide de la mort ?
~*~
Tout s’efface
Tout s’efface
Je nous vois rire en silence
Il ne subsiste rien
De ce que j’ai lu dans vos yeux
Je doute de la véracité
Des anecdotes résiduelles
Qui me lient à vous
Le corps se referme, se désapprend, se détache
Un souvenir à la fois
Tout s’efface
~*~
Je veux m’arracher à toi
Dériver à ma perte
En folles arabesques
Faire la roue entre les étoiles
Pétrir d’autres intrigues
Courir les champs
Bouchers les geysers
Pêcher la baleine
Je veux m’arracher à toi
Banalité
Mettre du jaune partout
M’accrocher à ton cou
Gagner toutes les guerres
Jouer du violoncelle sur l’Annapurna
Je veux m’arracher à toi
Puis fouler les terres
Où l’on me greffera
Des antennes d’escargot
~*~
Les amours
Les amants flambent dans l'âtre du désir
La soie danse
Derrière la porte close
Messe de chair sous rayons lunaires
Les spasmes tachent le silence
Trahissent l'animalité
Qui tend en vain
Vers le sacré
Des pas résonnent
Déjà
S'éloignant l'un de l'autre
~*~
La marée sous les côtes
Vagues de chaleur océane
C’est la mort qui me berce
Les carcasses des révoltes avortées
Jonchent ma plaine intérieure
Te comparer à ton souvenir
Y a si longtemps
J’en oublie nos corps parcourus de ronces
Qui s’entre-déchiraient
Du noir
Que du noir
Ni lien ni issue
Ni rien à partager
Ni salive ni mensonges
~*~
Chimères
Je sais tes chimères
Le rêve et le chaos
Le vague à l’âme qui mouille mes côtes
Têtu comme la marée
Désespoir en coup de mer
Prétexte pour se percer la bulle
Pour s’entendre dans d’autres regards
Et laisser résonner l’écho du réconfort
J’habite tes chimères
Depuis tant qu’il me faut
Un pays d’écart, le masque et le code
La grande fuite quoi
Je te dois bien un récit
Un récit et sa fin
~*~
Les amours
Sans filet se donner
Le corps comme appât
La marée dans les gestes
N’existe que la peau
Unie à la peau
Et le temps qui sommeille
Entre les draps de soie
~*~
L’oubli dilue
Ce que le vent emporte
Je suis déjà la poussière véloce
Qui te ferme les paupières
Le bois de marée
Offert par la tempête
Un souvenir
L’oubli dilue
Ce que le vent emporte
Le bruit sourd à ma fenêtre
La mésange
Inerte au creux de ma main
Un souvenir
L’oubli dilue tout
~*~
Les Laurentiennes
Blanche comme la nuit
Morte au matin
La forêt impénétrable frissonne
Dans un silence immaculé
Il pleut pourtant des mésanges…
~*~
Les laurentiennes
Au cœur du chaos
L’amour
Est le plus fulgurant des paradoxes
Une plume roule
Sur la neige qui scintille
Sous le soleil ardent de midi
L’eau millénaire
Filtrée par la montagne
Se déverse en moi
Sur moi
Au travers de moi
Ça sent le printemps
La survie des cycles
Ça sent le printemps
De mes amours
~*~
Les laurentiennes
J’habite un lieu poésie
Qu’importe si je couche les mots ou non
Des flûtes ponctuent le silence
La mésange dicte la mélodie
Le chant coule en moi
Baume et bercement
J’habite un lieu poésie
La brise erre dans le sous-bois
Caresse et murmure
Qu’importe si je couche les mots ou non
~*~
Les Amours
Nos âmes à la craie sous la pluie de l’oubli
S’écrivent de vifs mensonges
Se lient d’élans furtifs et brûlants
On aime
Avant de mourir irrésolus
On aime
Sous la pluie de l’oubli
~*~
Mon sentier
Ce lieu que je façonne
Est poésie
Itinéraire biscornu certes
Joyeuses inutilités
Mais un clin d’œil à chaque détour
Et le temps d’être
Le temps d’être
~*~
Les laurentiennes
Sous la mosaïque de soleils
Qui perce la nuit
J’ose mes sentiers
L’animal en moi frémit
La randonnée sera courte
~*~
Le sable tombe clairsemé
Je foule mon désert intérieur
Son décompte insoutenable
Et reste droit
Concis et tranchants
Les mots me bistourisent l’âme
J’ai mal à ma plume
~*~
Richard Neveu©
~*~
Création de la page
par Ode©
En titre : « Étrange Lumière sur le St-Laurent »
Photo et digitalisation de Ode©
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